[Brésil 2025] Sur notre Parcelles LOMI, les expérimentations reprennent

C’est en marchant sur les parcelles, en discutant avec l’équipe R&D, qu’on a pu ajuster, préciser, affiner. Pendant les trois jours passés sur place, on a aussi visité les parcelles d’autres "Partners". Ces visites ont nourri nos échanges : ce qui a marché, ce qui a moins bien marché, les erreurs à éviter, notamment dans le choix des arbres, les conditions d’ombre, ou l’équilibre des plantations. Tous ces partages ont été précieux. C’est un terrain à part, sur lequel on peut tester des idées, observer, ajuster, apprendre. On en parle souvent entre nous comme d’un laboratoire à ciel ouvert.

Deux thématiques ont guidé notre travail cette année.
1. LA FERMENTATION
La première, c’est une recherche sur l’impact de la fermentation. Dans un contexte où la co-fermentation a le vent en poupe, de plus en plus d’expérimentations visent à intensifier les arômes en ajoutant des éléments extérieurs au café : fruits, levures, agents aromatiques. Cela permet de créer des profils très marqués, explosifs, sucrés, fruités. C’est intéressant, mais ici, on voulait faire autrement. Pas de levure, pas d’agent extérieur. Juste le café et ce qu’il peut exprimer par lui-même. Juste le fruit, et ce qu’on peut en faire. L’idée, c’est de voir jusqu’où on peut aller dans la construction d’un profil en tasse, en jouant uniquement avec les ressources du café lui-même.

Trois petits projets distincts ont été imaginés pour observer des variations précises dans le traitement post-récolte :
un premier, où la cerise de café est simplement dépulpée puis séchée sans lavage, avec une partie de sa pulpe encore autour ; cette pulpe (le mucilage) est naturellement sucrée. Elle joue un rôle important dans le développement de notes fruitées en tasse, ce qui explique pourquoi un café séché avec sa cerise complète (méthode nature) peut être particulièrement aromatique.
un deuxième, où le grain est fermenté avec sa propre pulpe ajoutée au moment du séchage ;
et un troisième, plus poussé, où l’on a incorporé à la fermentation des éléments issus d’autres lots de la même variété : la pulpe du premier lot, les peaux d’un autre… Bref, une forme de "co-fermentation maison", où rien ne vient de l’extérieur mais tout est orchestré pour créer des variations subtiles.

2. LA DURABILITÉ
La deuxième expérimentation est pensée autour de la durabilité. Comment créer un environnement plus résilient autour du caféier, en s’inspirant des logiques agroforestières ? Deux axes sont en test : A. L’ombrage est une question d’équilibre. Il s’agit de trouver des arbres capables de protéger les caféiers de la chaleur, sans les étouffer ni entrer en concurrence avec eux. Ces critères, on les a discutés directement sur le terrain, en parcourant les parcelles avec l’équipe de Daterra.

Ici, rien n’est théorique. Ce sont des années d’essais, d’ajustements, parfois d’échecs. Certains arbres mettent plus de quinze ans à produire un ombrage efficace : trop lent quand on cherche un impact à moyen terme. D’autres, comme le papayer, ont un cycle très court. Et certaines espèces, comme le bananier, se déplacent en poussant. C’est spectaculaire, mais difficilement compatible avec une ferme mécanisée, où les machines doivent circuler entre les rangs. Dès le départ, l’objectif est clair : penser un ombrage maîtrisé, durable, et compatible avec la récolte mécanique. Un modèle reproductible à l’échelle de Daterra, capable de protéger les caféiers, de stabiliser le microclimat, et de s’inscrire dans un système agricole qui tient dans le temps.

B. L’amélioration des sols par le couvert végétal. Planter des espèces adaptées entre les rangs de caféiers permet de protéger le sol, d’améliorer sa structure, de limiter l’érosion et de mieux retenir l’humidité. Ces plantes participent aussi à l’équilibre biologique de la parcelle, en favorisant la vie microbienne et la présence d’insectes utiles. Au départ, on a évoqué l’idée de la lavande, comme un clin d’œil à notre Drôme provençale. Mais dans les conditions du Cerrado, cette piste n’est pas pertinente : exigences climatiques incompatibles, faible tolérance à l’humidité, cycle et enracinement peu adaptés au café. L’esthétique ne suffit pas.
Daterra recommande plutôt des plantes de couvert, choisies pour leur rôle agronomique. Certaines espèces fixent l’azote, enrichissent le sol en matière organique, améliorent l’infiltration de l’eau et contribuent à limiter les adventices et les ravageurs. Lorsqu’elles fleurissent, elles attirent pollinisateurs et insectes auxiliaires, renforçant l’équilibre naturel de la plantation.
Ici, la floraison n’est pas un objectif en soi : c’est un effet secondaire d’un couvert végétal pensé pour la durabilité, la qualité du café et la résilience du système sur le long terme.

Ces deux projets sont très différents, mais ils ont une chose en commun : ils partent du café, et de l’envie de mieux faire. En goût, comme en culture.
Rien n’est encore lancé. Ces deux pistes doivent encore être discutées et validées avec les équipes de Daterra. Mais ce qui nous plaît déjà, c’est leur complémentarité : une expérimentation à court terme, centrée sur le goût, et une autre sur le long terme, pensée pour la durabilité.
Deux horizons, une même envie de faire progresser le café.
Affaire à suivre !


